Gardien dans un hôtel fermé en hiver, perdu dans les montagnes enneigées, Jack Torrence décide d’emmener sa famille dans ce havre de solitude éternelle.

Mais Danny, son fils unique qui possède un don de médium, nommé le « Shining », se retrouve terrifié face aux étranges événements qui hantent ce lieu, triste théâtre d’anciens effroyables incidents.

 

Adaptation du célèbre roman d’épouvante de Stephen King, ce film magistral parvient à nous transporter dans les méandres des esprits torturés. Classique du cinéma d’horreur, ce film ne met pourtant pas en cause le diable, à l’inverse de Rosemary’s Baby ou l’Exorciste, qui reprennent les mêmes concepts : isolement et sensations extrasensorielles à la 6ème sens. Bien sûr, ici le terme « horreur » est à prendre avec des pincettes, car il n’incarne en rien l’horreur visuelle, ou encore le « gore », que l’on connaît mieux actuellement (comme la série des Saw par exemple). En revanche, Shining va beaucoup plus loin : l’horreur y est psychologique.

 

Dénué dans certaines scènes d’explications rationnelles, Shining instaure le frisson et l’effroi, nous laissant de marbre face à des scènes intensément stylisées (comme la célèbre scène de l’ascenseur qui déverse une vague de sang). Tout y est métaphorisé, à la manière du labyrinthe, associé à une toile d’araignée qui emprisonne ses victimes, livrant ainsi notre imagination aux chimères redoutables.Malgré l’immensité du domaine, de l’hôtel en lui-même, les personnages semblent coincés, pris au piège par des murs qui se meuvent sans cesse, d’où leur perdition à travers la folie qui les guette, et qui consumera par ailleurs le personnage principal : Jack.

 

Le spectateur se retrouve alors en proie à un profond vertige : il est à la fois victime et prédateur. Victime, car il se sent menacé par l’aliénation véhémente de Jack (qui se change en meurtrier déséquilibré), mais aussi prédateur, car Shining, c’est aussi une pure catharsis, notamment celle qui est de fuir toute responsabilité à travers une irrémédiable maturité dans notre existence (mariage, paternité, travail).

 

Au delà du simple film d’horreur, Shining est un film tourmenté à l’analyse complexe, en plus de libérer l’imaginaire du spectateur de par des longs silences et l’absence de récit (voir la scène où le fameux mot « Redrum » est écrit sur le mur). Véritable mélange et confusion de sentiments, Shining déchaîne nos passions, nous tient en haleine jusqu’à la fin du film, à la tension palpable constante, pour en sortir essoufflés, presque soulagés. Un chef d’œuvre de l’épouvante.

 

L.B

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