Ou l’Apologie d’une Frénésie

 

 

Après un braquage raté, des cambrioleurs expérimentés se retrouvent dans un entrepôt désaffecté afin de régler leurs comptes et de découvrir qui est le traître dans la bande qui a fait échoué le hold-up.

 

Premier film de Tarantino, premier chef d’œuvre. Malgré une intrigue des plus simplistes, ce film marque la genèse d’un réalisateur et scénariste hors pair. Ce sont les prémisses de ce qui donnera plus tard la marque de fabrique du réalisateur : dialogues saccadés et stylisés, violence acharnée et langage vulgaire, en plus d’une référence constante à la pop-culture qui s’immiscera régulièrement dans chacun de ses films. Avec Reservoir Dogs, Tarantino réussit le tour de force qui est de nous plonger au cœur d’un conflit entre truands et de nous faire éprouver de l’attachement face à ces êtres égarés. Le spectateur se retrouve ainsi entre empathie et aversion, tant certaines scènes peuvent être d’une violence inouïe (notamment la scène de torture gratuite).

 

Ce film n’est cependant pas dénué d’humour, un humour parfois décapant et d’une noirceur intense, qui ne sera probablement pas compris de tous. Très bien accueilli par la critique, ce film recevra plusieurs récompenses et est aujourd’hui devenu un film culte que tout bon cinéphile se doit d’avoir vu au moins une fois dans sa vie.

 

Reservoir Dogs, c’est avant tout un film sur la violence pure, la véhémence refoulée en chacun de nous, celle qui nous dévore de l’intérieur. Brutalité et folie n’y font plus qu’un et la torture psychologique prend doucement et amèrement le pas sur la torture physique. Même s’il s’agit en premier lieu de retrouver le coupable qui a fait que le hold-up ait mal tourné, une véritable manipulation du spectateur est en marche : on finit par se perdre dans les méandres d’une aliénation démentielle et torturée. En effet, le braquage n’apparaît jamais à l’écran, et le spectateur se doit ainsi d’écouter la version de chaque personnage, rendant ainsi l’intrigue des plus schizophrènes. Un film plein de bruits et de fureurs. Du grand art à la Tarantino.

 

L.B.

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