L’isolement s’est toujours avéré salvateur pour les compositeurs en mal d’inspiration. C’est ce que décide de faire le personnage joué par Guillaume Canet. Là-bas, sur une île bretonne que vous connaissez tous, il se retrouvera face à lui-même dans un cadre idyllique semblable à un sémaphore. Sans réseau, excepté à proximité de sa boîte aux lettres, il ne trouvera dans cette maison qu’un piano désaccordé et de curieux personnages bien décidés à ne pas lui mener la vie simple.
Un film psychologique mais surtout psychanalytique.
C’est dans la solitude que vont apparaître au fur et à mesure ces personnages qui font partie de lui. Parmi eux, il y a son double maléfique, cette voix négative qui réside au plus profond de nous et que l’on essaye de chasser sans jamais y parvenir. C’est en donnant vie à son double qu’il va pouvoir dialoguer avec lui et s’y confronter. Pendant ce temps, les personnages passent et reviennent en faisant évoluer l’état psychologique de LUI. On comprend son mal-être, ses angoisses et ses peurs qui peuvent sembler mineurs pour certains mais colossales pour d’autres. Ce film révèle la complexité psychologique, le clivage du Moi, de chaque individu. Il nous aiguille également sur la nécessité de chercher les raisons de notre éventuel mal-être.
Pour trouver ces raisons, il faut faire dialoguer cette dualité, la confronter mais surtout l’écouter. Mépriser son double maléfique en lui empêchant d’exister c’est un peu comme renoncer à une partie de soi. Ainsi, c’est en donnant vie à ses introspections que le compositeur identifie et comprend ses démons. C’est grâce à une démarche bienveillante qu’il va parvenir à les mettre en veille.
Lui est une proposition singulière, un film évidemment personnel pour son auteur. C’est sans aucun doute la surprise de cette fin de mois.
Alban Plisson