La blanquette de lapin, c’est bon, c’est même très bon, la preuve, notre petite lapine de Zootopie nous régale du début à la fin. Judy Hopps saute de preuves en preuves pour nous faire déguster une enquête policière à la Disney. On nous traite aux petits oignons.
La production par Disney
Disney a souvent eu recours à des animaux pour parler des hommes et c’est encore une fois le cas avec Zootopie. Les personnages sont attachants (même les personnages secondaires ont un petit détail qui les rend drôles et sympathiques).
L’humour
Il s’agit certainement d’un film avec un humour qui marchera aussi bien pour les petits que pour les grands. Disney s’est inspiré de nombreux détails de la vie de tous les jours. Un décalage extrêmement drôle et intéressant.
Un point négatif
Si l’on devait parler d’un point négatif, ce serait le scénario.
On retrouve dans Zootopie la trame d’une enquête policière (polard), ajoutant également des références aux films de mafioso avec le personnage de Mr. Big, tout simplement délicieux. Malheureusement, c’est sans compter une fin assez évidente. Même si un subtil subterfuge a permis de nous leurrer pendant quelques dizaines de minutes et qu’une habile stratégie nous surprend lorsque la fin se dessine.
La Morale
S’il y a des animaux, y a-t-il une morale ? Comme dans les fables de la Fontaine, les animaux nous font passer ici quelques messages assez intéressants.
Zootopie est un film produit par Walt Disney. Beaucoup ont reproché au film de reprendre le leitmotiv réchauffé de Disney : si tu as suffisamment de détermination, tu peux réussir tout ce que tu veux entreprendre.
Contrairement à ce que ses détracteurs clament, ce film aborde des thèmes collant à l’actualité.
Le film fait mouche parce qu’il touche au réalisme : pour Judy, bien plus que pour n’importe quel autre animal, devenir policier est le parcours du combattant. Elle cache à la fois ses échecs et ses espoirs piétinés face à un monde qui n’est pas autant ouvert qu’elle le pensait. Pourtant, elle tente de se détacher de la petite lapine faible et inutile qu’on fait d’elle avec une détermination sans faille… Ou presque.
Nick, le renard, au contraire, décide de se conformer à l’image qu’on donne de lui : en enfreignant la loi. Il est difficile de s’émanciper d’un rôle dans lequel on vous emprisonne.
Au départ, Judy apparaît d’ailleurs bien naïve de croire qu’un renard est quelqu’un d’intègre. L’image dans laquelle on nous pousse, non seulement fini par coller à la peau, mais aussi à s’entretenir elle-même.
En cela, Disney aborde un thème qui sera toujours d’actualité : quand le monde est contre vous, comment réagir ? Comme Judy Hopps ? En espérant que le monde soit quand même gentil avec vous pour ne pas vous oublier complètement ? Comme Nick ? En tentant de le prendre à son propre jeu, quitte à se perdre soi-même ?
C’est une morale bien élaborée pour un Disney ?
N’en soyez pas si sûr, il n’est jamais trop tôt pour réfléchir.
Le thème de l’image dans laquelle le personnage est englué amène à un autre sujet : l’acceptation de l’autre et du vivre-ensembles. (Qu’est-ce qui pourrait davantage correspondre aux incertitudes, aux peurs et aux interrogations d’un monde où l’immigration est souvent au cœur de l’actualité politique, économique et sociale ?) L’acceptation du renard, du prédateur, du petit animal… Comment accepter l’autre si on n’est pas capable de voir au-delà de ses préjugés ?
La société est divisée d’abord entre herbivores et carnivores. La différence qui existe, c’est qu’au moment où le carnivore perd le contrôle, il devient le prédateur de l’herbivore. Il le mets en danger. Un danger concret et tangible : celui de finir en blanquette de lapin, par exemple.
Les herbivores sont plus nombreux que les carnivores et on considère ceux-ci dangereux. Ne devrait-on pas pour le bien de tous enfermer les carnivores ? La peur de l’autre dirige les individus et rend la société invivable. Parce que personne n’a oublié (et on le voit dès le début du film) les temps primordiaux où il n’y avait aucune règle en vigueur, sinon celui du plus fort.
Entre les différents herbivores, on fait également des différences. Comment ne pas remarquer l’écart entre la jeune Hopps, nouvelle recrue, première lapine policière, et son capitaine : un herbivore mais surtout un buffle qui ne va cesser de la renvoyer à sa position de faible et petit lapin. Comment un herbivore qui, a priori, pourrait apprécier le fait qu’un autre herbivore sorte de la masse, en arrive à être son plus grand détracteur ?
C’est l’adjointe au maire qui en parle le mieux : « nous devons nous entre-aider entre petits animaux. » Il n’est même plus question d’herbivores ou de carnivores. En effet : ils sont tous différents ! Et il y aura toujours des différences qui seront utilisées contre eux. Même sans carnivores, il y aura toujours des petits et de grands animaux.
Ce film est rafraîchissant. Il comporte des messages, connaissant tous les éléments actuels, qui sont non seulement importants mais essentiels. Grâce à l’humour et à l’ambiance du film, les sujets graves sont traités sans tomber dans la redite désagréable qui a pour unique but de faire ressentir le pathos de la situation. Ne vous levez pas trop vite ! Le repas n’est pas fini.
AS