Un film de 2017 réalisé par Andrés Muschietti (Mama)
Casting principal:
– Bill Skarsgård (Simple Simon, Anna Karénine)
Entre meurtres irrésolus, accidents sordides et disparitions mystérieuses, tout semble aller pour le mieux dans la petite ville de Derry… Témoins de visions effrayantes, un groupe d’enfants décide de mener l’enquête et découvre la créature à l’origine de ces sinistres évènements, un clown démoniaque nommé Grippe-Sou.
Seconde inspiration d’un des plus gros succès de King, l’écrivain aux 350 millions de livres vendus, Ça n’a eu besoin que de se révéler au monde pour rafler un succès des plus complet. 653 millions de dollars de recettes, un encensement généralisé des critiques et accomplissement ultime, l’avis favorable de l’auteur. Tous les voyants sont au vert pour nous lancer dans la douloureuse description d’un film qui laisse présager du meilleur et ne fait qu’amener le pire…
C’est parmi de jolis décors parfois bien sordides et un puissant sentiment de nostalgie des années 80 que se déroule l’intrigue de Ça. Plutôt réussie, l’esthétique du film et la qualité d’image n’excusent en rien une structure des plus bâclée concernant l’intrigue et vont même accentuer le malaise ressenti tant le décalage de travail est flagrant. Variant constamment de l’horreur au comique le plus enfantin, des scènes absurdes s’enchainent et l’ensemble des personnages, du simple figurant au « Club des Ratés », ne semble prêter aucune réelle attention à la gravité des évènements ou à l’abomination auxquels ils sont confrontés. Ce qui semblait être une touchante histoire d’amour se voit ainsi balayée sans aucune raison du fait des irritantes variations d’attitude.
Comme si ces défauts n’étaient pas déjà assez sérieux, Muschietti parvient à briser l’essence même du film, la peur qu’il est censé inspirer. Sur une vingtaine de scènes effrayantes, toutes suivent un mécanisme similaire où un (très) long moment de silence se voit brisé par un bruit suivi d’un monstre hurlant en direction de l’écran. A chaque fois prévisibles, rapidement pénibles, ces moments supposés terrifiants transforment Ça en 2h05 d’ennui mortel. Le cauchemar est bien réel, ce n’est pas le film mais bien l’aiguille de votre montre et la vitesse déplorable à laquelle elle tourne…
Une seule question demeure vraiment à la fin de la projection : qui est le plus effrayant ? Un clown démoniaque dont on apprend ni l’histoire ni même la nature soit absolument rien, ou bien une bande « d’enfants » n’ayant presque rien de juvénile, à la psychologie douteuse, aux capacités surhumaines stupéfiantes et à l’hygiène déplorable.
Amusants, parfois attachants, ils n’en restent pas moins déroutants. Chacun d’entre eux se voit assaillit de visions qui enverraient un simple mortel à l’asile tout en lui faisant cracher assez de mousse pour plusieurs lessives. Cela ne les empêche pourtant pas de fouiller seuls et presque sans équipement les égouts les plus immondes ou les maisons les plus infâmes. Cerise sur le gâteau de l’incohérence, ils s’en sortent avec pour certains quelques blessures, si superficielles qu’elles ne feraient que tuer un sanglier…
Bill Skarsgård fut internationalement reconnu pour son rôle de méchant clown et on n’a toujours pas compris pourquoi. Un chose est sûre, le maquillage y a fortement contribué. On en vient très vite à considérer Grippe-Sou, par ses scènes d’épouvantes profondément illogiques voire hilarantes, non plus comme un être effrayant mais bien comme un grand abruti psychopathe en costume. On finit par ne plus souhaiter qu’une seule chose, que les « enfants » lui fassent la peau…
Il y a bien quelques personnes à féliciter pour Ça, les créateurs de sa bande annonce. Savamment élaborée à partir du film de 1990, copiée et collée de main de maître de son trailer, elle parvient à métamorphoser une ignoble production en un film de la décennie. La douleur n’en est que plus intense à la sortie du cinéma tant pour le film que pour l’argent perdu. Le réalisateur a probablement oublié une chose, tout le monde n’a pas lu le livre. Du contexte et des révélations sont plus que nécessaires pour cette production des plus étrange qui offre une fin aussi incomplète que malsaine pour les non-initiés. Fan de la saga ou de films d’horreur, embrassez le désespoir, c’est probablement un des plus mauvais films de votre vie que vous êtes sur le point de voir.
Guillaume Schmitt