« The Irishman est un véritable chef d’oeuvre du style contemplatif »
Pour commencer cette nouvelle année nous vous proposons un retour sur “The Irishman”, un des films pilier de l’année 2019, nominé aux Golden Globes dans la catégorie “Meilleur film dramatique” aux cotés de “1917 » ou encore le marquant “Joker”. Dans The Irisiman, on a pu retrouvé un Scorsese au sommet de son art dans un énième film faisant l’apologie du crime organisé américain mais abordant également de nouvelles thématiques autrefois interdites dans un film sur le grand banditisme, telles que la vieillesse la solitude et la mort, laissant imaginer que le légendaire Martin Scorsese nous présente ici un film testamentaire de sa carrière, malgré encore plusieurs projets en cours notamment avec Leonardo Di Caprio pour le film “Killers of the flower moon”. De plus, le film se détache des oeuvres cinématographiques du même genre car si vous n’aviez pas remarqué le film parmi les sorties hebdomadaires de votre cinéma, c’est tout simplement parce que le film est une exclusivité Netflix à pas moins de 160 millions de dollars. Un défi ambitieux faisant un grand fracas dans l’industrie du cinéma remettant ainsi en cause les piliers de celui-ci, qui était déjà à mal depuis plusieurs années avec la démocratisation du streaming. Avec un casting prestigieux réunissant Robert de Niro, Al Pacino et Joe Pesci (dont les deux derniers furent nominés aux Golden Globes dans la catégorie “Meilleur acteur dans un second rôle”), “The Irishman” est une des oeuvres majeures de l’année 2019 qu’il faut absolument avoir vu.
Dans cette oeuvre de 3h30, Martin Scorsese nous propose de plonger dans la mémoire de Frank Sheeran, sous les traits de Robert de Niro pour y découvrir le Little Italy des années 60, période d’or de la pègre américaine où le protagoniste se retrouve à être l’homme de main de la mafia italienne jusqu’à rencontrer le célèbre Jimmy Hoffa incarné par Al Pacino, président du syndicat américain Teamsters dont la disparition reste l’un des mystères insondables de l’histoire de États-Unis. La particularité de “The Irishman” est que ce dernier prend à contrepied le schéma classique utilisé par Scorsese pour dépeindre les rouages du crime organisé. Dans cette oeuvre, le réalisateur s’autorise à rajouter une troisième partie après l’ambivalence classique entre ascension et chute du personnage comme on pourrait la retrouver dans un film comme “Scarface”. Dans “The Irishman” on retrouve une dernière partie narrant la vieillesse des protagonistes, démystifiant ainsi tous leurs actes et rappelant au spectateur qu’au final ils ne sont que des hommes. Il ne faut donc pas s’attendre à un film semblable à “Casino”, “Les Affranchis” ou encore “Mean Street”, mais à une oeuvre plus mature et posée, de part grâce au point de vue du réalisateur qui a évolué avec les années mais également du fait du casting, où le triangle De Niro / Pacino / Pesci s’offre des dialogues assez long permettant de savourer le jeu d’acteur de chacune de ces légendes du cinéma. Les longues tirades ainsi que le nombre conséquent de personnages dans le film, propre aux films de Martin Scorsese, en font un film assez dense et complexe qui nécessite donc l’attention du spectateur pour rentrer dans cette ambiance lugubre et mafieuse des années 60 typiquement américaine. Pour ce qui est des scènes d’action, elles sont courtes mais intenses pour dévoiler la banalité des actes des tueurs à gage, on est donc assez loin d’un film rock’n’roll comme “Casino” et plus proche du film “Silence”. Les quelques défauts du film seraient sans aucun doute à propos de la technologie de rajeunissement utilisée tout au long du film pour nous montrer l’évolution des personnages, malheureusement imparfaite, cette technologie ne colle pas aux personnages et plus particulièrement à Robert De Niro, qui perd en crédibilité dans les plans larges où le voit faire des mouvements dans la peau d’un personnage qui n’est plus le sien. Côté caméra, Scorsese nous propose de longs plans-séquence sur les décors sans y intégrer de personnage pour favoriser l’immersion du spectateur dans cet univers si particulier, on retrouve également plusieurs travelling avant suivi d’un arrêt sur image lorsqu’on nous fait découvrir un personnage et enfin beaucoup de plans serrés sur ses personnages pour capturer au mieux leurs émotions même lorsque celles-ci semblent imperceptibles au premier abord.
Pour clore, “The Irishman” est un film poignant de sentiment, qui parle de pouvoir et jusqu’où un homme est prêt à aller, mais également de famille et d’amitié plus particulièrement entre Frank Sheeran et Jimmy Hoffa respectivement interprété par Robert De Niro et Al Pacino, qui font preuve d’une complicité aussi touchante que déchirante quand on sait que de telles légendes du cinéma sont proches de la retraite. Enfin il s’agit comme dit précédemment d’un film traitant de la fin, de la solitude et de la mort, cette thématique est présente pendant toute la dernière heure du film et résonne aussi bien dans les personnages que chez le casting d’acteur mais aussi chez le réalisateur Martin Scorsese, soucieux de l’héritage qu’il laissera derrière lui au cinéma mondial. “The Irishman” est un véritable chef d’oeuvre du style contemplatif et plus qu’une oeuvre majeure de l’année, il s’agit sûrement du meilleur film réalisé par Martin Scorsese sur cette décennie.