Adaptée de la bande dessinée de Garth Ennis et Darick Robertson, la série télévisée américaine « The Boys, » développée par Eric Kripke, s’inscrit dans la mode cinématographique de ces dernières années, marquée par l’adaptation de comics. « The Boys » voit sa première saison sortir en juillet 2019, avec un casting exceptionnel (Karl Urban, Anthony Starr, Jack Quaid, Erin Moriarty…), un scénario captivant et une direction artistique parfaitement maîtrisée. « The Boys » semble avoir tous les prérequis nécessaires pour plaire. Mais ce qui marque le succès de la série à sa sortie, c’est le côté gore. En effet, la série nous montre dès le premier épisode un monde violent, à l’image de celui du spectateur, ce qui aide à l’illusion scénique de celui-ci dans le récit. Néanmoins, la caractéristique de « The Boys, » c’est d’arriver à incorporer dans cet univers uchronique les super-pouvoirs d’une façon assez brutale. Car si la violence est omniprésente dans la série, ce sont bien les super-pouvoirs des différents antagonistes qui la mettent principalement en avant.

« The Boys, » une série politique !

La violence dans « The Boys » n’est que la partie immergée de l’iceberg. En effet, la série se révèle comme étant une critique principalement de la société américaine. La commercialisation des super-héros par la société Vought dans la série vient amener une critique du capitalisme américain. Les super-héros sont contrôlés par la société Vought, qui a pour but de toujours maximiser le profit. Ainsi, dans la série, on peut y voir la critique de la consommation excessive à travers les produits dérivés des différents « supers » (terme pour désigner les « super-héros » dans la série). On peut remarquer également une critique de l’hypersexualisation de l’image de la femme dans les médias, avec l’intrigue autour de Starlight, notamment lors du passage où Vought l’oblige à porter un costume court afin de plaire à l’audience et encore une fois à maximiser le profit de l’entreprise.

De plus, cela amène également à la critique de la corruption des multinationales et des élites. Dans « The Boys, » la société Vought est responsable d’un nombre important de crimes, dont le meurtre de nombreuses personnes. Mais les supers le sont également du fait de leur comportement irresponsable associé à des super-pouvoirs (la scène où le personnage d’A-Train, interprété par Jessie Usher, tue sans faire attention la copine de Hughie illustre cette idée). Mais l’entreprise Vought étant devenue une entité multinationale beaucoup trop importante dans l’univers de « The Boys, » elle peut se permettre de corrompre le gouvernement ainsi que les médias afin de protéger ses intérêts. On a également donc à la suite de cela la critique des médias qui entre en jeu également, dans le sens où dans la série, les médias sont fortement influencés par la société Vought afin de manipuler l’opinion publique en leur faveur. Enfin, on peut interpréter l’omniprésence de la violence à cause de pouvoirs trop dangereux (les pouvoirs de Homelander lui permettent de tuer des milliers de personnes) dans la série comme une critique de la militarisation de la population américaine, qui accentue l’hyper brutalité à travers de nombreux drames.

Homelander, un antagoniste parfait ?

Le personnage de Homelander, leader des « Sept » (principal groupe de super-héros gérés par Vought), est l’antagoniste principal de « The Boys. » On peut interpréter son personnage comme une caricature de l’image de Trump et de l’extrême droite américaine en général. En effet, Homelander incarne la masculinité toxique à travers un comportement cruel et narcissique, et ses pouvoirs le rendent invincible. Un tel comportement associé à des pouvoirs démesurés (ainsi qu’un jeu d’acteur parfaitement maîtrisé) font de lui le méchant emblématique de l’univers de « The Boys. » Tout l’enjeu pour les personnages principaux formant le groupe de « The Boys » (groupe de personnages ne possédant pas de super-pouvoirs, sauf exception pour l’un d’entre eux, dont le but est de combattre l’influence des supers sur la société) va être de trouver un moyen de tuer Homelander pour tous les crimes qu’il a commis.

« The Boys » versus Marvel

La sortie de « The Boys » en 2019 vient totalement s’opposer à la mode Marvel qui régnait sur une grande partie du cinéma à l’époque. La série « The Boys, » avec ses thèmes matures et sa violence, vise un public adulte tout en respectant le spectateur en le faisant confronter à de véritables enjeux sociétaux, là où la recette Marvel par Disney se rapproche le plus d’un produit commercial mettant en avant plus un cahier des charges qu’une vision artistique. Ainsi, la série « The Boys » peut être vue comme une véritable opposition au style Marvel de Disney. De plus, la critique commerciale de l’hyperconsommation peut s’appliquer parfaitement à Disney avec la recette du film Marvel classique visant à maximiser le profit et les produits dérivés.

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