De manière abrupte et inexpliquée, le monde se retrouve frappé par une étrange maladie qui détruit progressivement les cinq sens. Au beau milieu de ce carnage bacillaire, un cuisinier et une brillante épidémiologiste tombent amoureux.

 

Encore un énième film apocalyptique dira-t-on, se basant sur une énième pandémie dévastatrice. Seulement, pour une fois, cette fin du monde est mêlée d’amertume et de poésie doucereuse. Les larmes y sont acrimonieuses et les hurlements, inaudibles. Une intense mélancolie est de mise, tant la beauté d’un monde ravagé dévoile en nous les tremblements de notre être tout entier.
Plus les sens disparaissent peu à peu, plus le spectateur est à même de les ressentir. Avant d’être effacés, ces derniers sont exacerbés, les personnages sont pris d’une fervente névrose, une obsession brûlante qui les pousse vers un paroxysme incontrôlé. Par exemple, dans le film, la perte du goût est montrée par le biais d’images successives emplies de grâce et d’aversion : l’un avale un bidon d’huile cul sec, l’autre dévore les roses fraîches. Et ce, pour tous les sens qui s’annihilent peu à peu, jusqu’à l’ultime, celui pour quoi nous vivons tous, l’incarnation du plaisir même, la plus suprême des voluptés.

 

Perfect sense, c’est un film sur la fin du monde, mais c’est aussi une incroyable histoire d’amour comme il ne nous a jamais été conté auparavant. Deux êtres qui, dans la débâcle, se sont trouvés pour vivre ensemble les derniers jours des hommes condamnés. Cette histoire nous transporte, décuple nos sensations, nous fait nous sentir vivants pendant que la vie semble les quitter. C’est d’ailleurs ce que Mackenzie a voulu démontrer : « l’être humain n’est pas qu’un corps, mais aussi la combinaison de ses émotions », d’où ces multiples saisissements qui consument aussi bien les personnages que le spectateur.
Un film qui se veut pessimiste, notamment par sa critique latente du capitalisme ; pourtant, on ne peut s’empêcher d’y voir une lueur d’espoir quant à l’être humain en général, animé par une certaine forme de magie intrinsèque qui nous exalte tous. D’après Mackenzie, un conte de fée pour nihilistes, mais probablement l’un des plus beaux qui soient.

 

L.B

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