Takashi Miike, pour son centième film, nous offre la belle histoire d’un samurai, pendant l’époque féodale du Japon, ayant sauvagement abattu son seigneur et prenant la fuite, jusqu’à ce qu’il rencontre une religieuse qui lui confère l’immortalité. Paradoxal pour un samurai dont la voie ultime est la mort non ? Cinquante ans plus tard il fait la rencontre d’une jeune fille, dont la famille fut assassinée par un groupe extrémiste de bretteurs, et animée par la haine et la soif de vengeance. Nous suivrons donc ce duo errer dans le Japon féodal de l’ère Edo, à la recherche de justice tout comme de la mort pour notre ami nippon.

La nature omniprésente : la nature a une place extrêmement importante dans le folklore japonais, source de puissance, d’apaisement et de respect et ce, depuis la nuit des temps. Chaque plan extérieur se voit doté d’une représentation de la nature en mouvement perpétuel, que ce soit le ruissellement de l’eau en arrière-plan, le vent qui souffle sur la flore pendant les combats, les reflets du soleil sur les bâtisses, ce film a pour gros point fort de nous transporter dans cet univers japonais, pur. Les scènes d’actions sont particulièrement réussies, même si les rares aspects surnaturels sortent le spectateur du film, en quête de violence et de réalisme. Le rapport à la nature se traduit par ailleurs dans les scènes de combat, les guerriers, au lieu de s’affranchir de la nature et la dominer, l’épousent et la chérissent. C’est là que l’aspect contemplatif du film prend son sens, et que le ton japonais est annoncé.

La mort comme voie du samurai : comme introduit, notre personnage principal se voit doté d’immortalité, l’opinion commune aurait tendance à penser qu’il n’y ait pas de problème, mais le samurai doit mourir dans la loyauté, dans le sacrifice de soi et l’éthique chevaleresque selon l’œuvre Hagakure, un guide spirituel pour les guerriers nippons. Ici, le film prend le contrepied de ces valeurs et n’hésite pas à se servir de ceci pour alimenter des dialogues riches et percutants. Notre héros ressent de la souffrance lorsqu’il encaisse les coups, mais sans aucune fatalité pour sa vie (coucou Wolverine). La violence des coups, la détérioration des corps et le gore omniprésent sont permis grâce au son du film, qui je trouve est très réussi. Autrement dit, même si nous n’avions pas d’images, l’aspect sonore du film nous dérangerait tout autant. Ainsi, l’immortalité du sabreur lui empêchera-t-il d’atteindre son but ? La dure fatalité, comme une épée de Damoclès au-dessus de notre tête l’emporte-t-elle sur le mysticisme et le surnaturel de l’immortalité ici ?

La vengeance comme désir à assouvir nécessairement : nous sommes bien d’accord, les œuvres japonaises ne savent que trop bien mettre en avant les histoires de vengeances, avec plus ou moins de réussite. Au-delà du concept de la mort, le film s’attarde sur l’histoire de vengeance de cette jeune fille, qui va trouver son garde du corps, notre héros immortel. Ce thème faisant parti des plus classiques de l’art japonais, les autres aspects du film m’intéressaient plus que l’histoire principale. Les combats s’enchaînent et se ressemblent, nous laissant attendre un final (bien que grandiose), anticipé. Je pense que cette histoire de vengeance sert à poser les fondations d’autres thèmes bien plus intéressants à développer, mais le film s’attarde sur ce qui m’a le moins intéressé. Les costumes, intéressants aux premiers abords, tombent peu à peu dans le vulgaire cosplay et frôlent le ridicule à certains moments. Certains kimonos sont esthétiques et propres à l’univers japonais, mais d’autres ne font que sortir le spectateur du film, et ce dernier perd en crédibilité.

Ainsi, le film, bien que très beau visuellement et dont la scène d’introduction en noir et blanc m’a fait frissonner, est une corde tendue entre un film admirable, et une parodie dénuée de sens qui peine à trouver son équilibre.

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