Cette semaine nous vous proposons un retour sur les deux cérémonies de récompenses les plus médiatisées du cinéma : les oscars et les césars.  Comme chaque année, elles nous ont toutes les deux offert des surprises, des déceptions et des satisfactions. C’est aussi l’occasion de comparer les deux types de cinéma que sont la France et les Etats-Unis au travers des deux palmarès.

 

Les acteurs

 

Comme la planète entière le sait, c’est Leonardo Di Caprio qui a légitimement raflé l’oscar du meilleur acteur. Son rôle dans The Revenant était la définition même du « rôle à Oscar » et lorsqu’on voit le film, sa récompense est amplement méritée. Aux antipodes de The Revenant, La loi du marché a aussi été récompensé pour son acteur Vincent Lindon. En effet, le film de Pascal Brizé est bien moins impressionnant que The Revenant mais le césar de l’acteur l’est tout autant. Il avait déjà obtenu la palme d’or du meilleur acteur au dernier festival de Cannes pour ce film qui tient quelque peu sur ses épaules. Et si Vincent Lindon était notre Di Caprio national, un acteur qui ne cesse de nous surprendre en acceptant des rôles toujours plus différents ?

 

Les actrices

 

C’est probablement la catégorie la plus étonnante des deux cérémonies. Côté hexagone, Catherine Frot  fut récompensée pour son rôle dans Marguerite, elle qui obtient la récompense pour la troisième fois alors que Loubna Abidar (pour son interprétation controversée d’une prostituée marocaine dans Much loved) et Emmanuelle Bercot (dans Mon Roi) étaient plus attendues pour le prix. Côté outre- atlantique  Brie Larsson  a été récompensée pour Room quand Jennifer Lawrence et l’immense Cate Blanchett étaient nominées à ses côtés. Elle interprétait une mère séquestrée pendant 7 ans, obligée d’élever son fils dans une « room » de 9m² : un film bouleversant !

 

Les réalisateurs

 

Dans 3 souvenirs de ma jeunesse, Arnaud Despleschin avait trouvé un superbe acteur avec Quentin Dolmaire, très touchant. C’est certainement le film le plus singulier de la sélection qui a obtenu le prix du meilleur réalisateur, grâce à un très beau film. Aux oscars, le mamouth Alejandro González Iñárritu a encore une fois gagné la prestigieuse récompense avec The Revenant. C’est la deuxième fois de suite qu’il l’obtient. Il est sans doute le plus grand technicien actuellement à Hollywood mais on peut regretter que Georges Miller n’ait pas été récompensé pour Mad Max. Il est de 19 ans l’aîné du réalisateur mexicain et n’a jamais été récompensé pour ses précédents films. Il ne faut tout de même pas oublier les 6 prix obtenus par Fury Road pour toute sa direction artistique (décors, costumes, son et montage), qui était de loin la plus impressionnante de la sélection. On peut d’ailleurs noter un retour en force des décors naturels avec Mad Max et The Revenant : l’ensemble du tournage de Fury Road s’est fait dans le désert australien alors que The Revenant a été tourné entre le Canada et l’Argentine, entièrement en lumière naturelle.

 

Meilleurs films

 

Ici aussi, les votants nous ont réservé des surprises que peu avaient prédit. Elle reflète largement l’actualité. En récompensant Fatima et Spotlight, les deux académies ont chacune voulu faire passer un message. Côté français, le prix de Fatima résonne fort au moment où la culture musulmane est attaquée de toute part par une partie de la société française. Le film raconte les difficultés d’intégration d’une mère musulmane dans la France actuelle. Il ne faudrait cependant pas penser que le film ne doit son prix qu’à une actualité brulante ! Il s’agit avant tout d’un film juste et délicat. Côté américain, récompenser Spotlight revient à mettre en avant un cinéma moins brillant et plus politique. Le film revient sur l’affaire des prêtres pédophiles qui avait secoué une Amérique très croyante en 2001. Spotlight est très réussi mais on peut lui reprocher un manque de folie et de surprise que l’on trouvait dans Room, Mad Max ou encore The Revenant.

 

 

Bref, ces deux cérémonies ont chacune été passionnantes à suivre et à commenter. On remarque que finalement, l’une et l’autre se rapprochent en termes de récompenses. Même si le cinéma américain continue de récompenser avant tout le spectacle (The Revenant, Mad Max), tous ces films ont des lectures très diverses et répondent tous à leurs manières à des faits actuels. C’est sans doute là la différence majeure avec le cinéma français qui récompense des films moins clinquants (les budgets ne le permettent sûrement pas) mais avec des sujets souvent actuels. Dans tous les cas, les deux cérémonies seront de retour l’an prochain et certains films se font déjà remarqués, réjouissons-nous !

TC

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