Christopher MacCandless, un jeune homme brillant, et en pleine quête intérieure, parcoure les Etats-Unis et ses routes, en s’affranchissant des codes de notre société contemporaine, pour se faire sa propre idée de ce qu’est le véritable bonheur. En dépit de ses parents et de sa sœur, mais aussi de la carrière professionnelle prestigieuse qui lui semblait destinée après ses études. Le cadre est planté, ce road trip illustrera l’Amérique du début du 21éme siècle, à travers ses habitants, plus ou moins en marge de la société ; mais aussi (et surtout) la nature et ses paysages. Le film est donc l’occasion de disséquer la société américaine, ses décors, les relations qui peuvent y exister ; mais aussi la façon dont un homme peut s’y intégrer.

Un équilibre naturel

Pour ce faire, Sean Penn se base sur le récit biographique Voyage au bout de la solitude racontant l’histoire de Alexander « Super tramp » (surnom évocateur choisi par le protagoniste) écrit par John Krakauer, il prendra quelques libertés scénaristiques, pour nous offrir un long métrage de 2 heures et 28 minutes qui garde en haleine. Les scènes de découvertes, de vadrouilles, de survie et de rencontres sont associées de telle sorte que l’on ne tombe jamais dans un documentaire type National Geographic ou dans des tirades pompeuses sur le capitalisme moderne. C’est là, l’une des clefs de la réussite de ce film, l’équilibre des scènes et de leurs contenus qui est maintenu tout du long. Notre vagabond et aventurier, s’affranchit bien des mœurs de son monde, mais n’incarne pas un être solitaire et sociopathe, il noue des relations sincères avec les hommes et les femmes qu’ils rencontrent ; des relations qui l’aident à comprendre sa démarche plus en profondeur. Néanmoins, comme un constant contre-poids, l’appel de la nature et sa volonté de trouver ce qu’il cherche, ne lui permet jamais de rester bien longtemps auprès de ces personnes. On y retrouve cet équilibre inhérent à l’œuvre. En ce sens, il est clair que le visuel proposé sublime cette harmonie, entre paysages enneigés, plaines agricoles, forêts abondantes et terres arides, la photographie rend également un service remarquable à la mise en scène de l’histoire. Aussi, un film de cette envergure graphique et scénaristique ne doit pas être miné par une présence sonore pesante, et ce n’est pas le cas, heureusement pour nous. Le choix des sons naturels, des crépitations animales, et des atmosphères musicales sert tout à fait le propos ambivalent du film sur la nature et sur cette vie que choisit de mener Christopher MacCandless. Une vie de rencontres, de partages et de découvertes des autres mais aussi de solitude, de questionnements, et d’introspection. En effet, au-delà d’une musique minimaliste et envoutante, la présence vocale et les dialogues s’instaurent admirablement comme la dernière pièce à apporter à ce récit. Sans parler des interventions auditives jamais trop longues et toujours tendres de la sœur MacCandless qui balisent le film, on a le droit à une présence de dialogues justement dosés. Ces derniers sont à l’image du film, véritables, émouvants et harmonieux.

Bonheur et marginalité

« Le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé ». Grand amateur de Tolstoï et Jack London, notre personnage principal n’a de cesse de croire, de douter, et de se conforter dans les différentes perceptions qu’il connaitra du bonheur, jusqu’à trouver sa version définitive et incontestable, dans les dernières minutes du film, en tout cas explicitement. Into the wild est assurément une interrogation de ce que peut être le bonheur pour un homme, et de ces parties prenantes. Tout du long, les échanges qui ponctuent le film nous offrent diverses réponses à ces questions. Au contact de personnes de tout horizons, des conceptions du bonheur se succèdent et s’entrechoquent dans certains cas, pour donner petit à petit des éléments de réponse essentiels à notre protagoniste. Mais cela ne marche pas que dans un sens, la démonstration claire de l’idéologie du personnage principal aux personnes qu’il croise, éveille chez ces dernières des pensées nouvelles quant à leur conception du bonheur. Cet échange de « bons procédés » se fait principalement avec des êtres marginaux, ou seuls, soulevant donc des interrogations sur l’accès au bonheur et les prérequis pour y accéder. Posant ainsi tout simplement les questions suivantes : peut-on être en marge de la société et accéder à un bonheur similaire à ceux qui y vivent ? Ou existe-il différentes façons d’accéder à un bonheur spécifique à ce qu’on est ? En tout cas, Christopher MacCandless semble avoir trouvé sa réponse…

Réalisé par : Sean Penn

Avec : Emile Hirsch, Kristen Stewart, William Hurt…

Durée : 2h28

Regardez si vous avez aimé : Captain Fantastic (2016), Carnets de voyage (2004)

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