Cannes 2016. Une jeune française d’origine marocaine se tient au pupitre devant tout le gratin du cinéma international et lance au président du jury, Thierry Frémaux : « mec, t’as du clito ! ». Il s’agit d’Houda Benyamina, réalisatrice de Divines qui vient de remporter le prix de la Caméra d’Or, autrement dit le meilleur premier film du festival. Après avoir fait tant parler d’elle durant le festival, Divines était logiquement le film d’auteur évènement de cette rentrée.

 

Il raconte l’histoire de Dounia, une jeune Beurette qui habite dans un camp de roms pas loin d’une cité de l’Essonne. Son but dans la vie : « Money money money » comme elle ne cesse de le répéter. C’est pourquoi avec son amie de toujours Maimouna, elles décident de proposer leur service à la dealeuse du quartier Rebecca, aussi dangereuse que fêlée. Dounia ne cesse de faire preuve d’audace et de détermination pour monter dans la hiérarchie. Progressivement, elle prend l’assurance des dealers les plus respectés de la cité, tout en s’occupant de sa famille.  

 

Le film est à l’image de son héroïne : énergique. Il nous surprend constamment et forme quelque chose qu’on a rarement vu ces derniers temps au cinéma : la cité n’est ni fantasmée ni noircie. Ce qui choque avant tout dans la vie de Dounia, c’est la pauvreté dans laquelle elle vit, plus que la violence du trafic de drogue. C’est là qu’on comprend d’où vient sa rage de vivre : elle veut sortir à tout prix de ce bidonville, coincée entre sa mère paumée et un BEP qui ne l’intéresse absolument pas. Dounia a besoin de rêver et pour ça, elle veut prendre le chemin le plus court vers l’argent. Il faut dire que si le personnage de Dounia est aussi vivant, c’est que l’actrice (la sœur de la réalisatrice) est parfaite dans le rôle.

 

Divines est aussi un film féministe. Tous les rôles principaux sont tenus par des femmes qui sont toutes particulièrement courageuses. On peut noter que le rôle le plus féminin du film est tenu par un homme, le danseur que Dounia ne cesse d’observer en cachette. On a d’ailleurs beaucoup de mal à croire à cette romance qui sort un peu de nulle part. Le film n’a pas besoin de cette histoire pour exister. Finalement, arrivé aux trois quarts, le film s’emporte un peu dans un tourment qu’il ne maîtrise plus ; pas seulement à cause de cette histoire d’amour mais surtout à cause du dénouement. La fin est un peu décevante malgré qu’elle soit très forte.

 

En même temps, la vision du futur de Dounia qui est présentée dans le film est extrêmement pessimiste. Pour s’en sortir, elle est obligée de devenir aussi « virile » qu’un homme et de se lancer dans le trafic de drogue. Dounia est complètement enragée contre la société mais la seule solution qui lui est proposée pour se révolter est de travailler pour Rebecca, le modèle local.

 

Bref, on peut dire beaucoup de choses sur ce film. C’est pourquoi malgré ses faiblesses, on ne peut que vous conseiller d’aller le voir ! On sent que le film est fait avec détermination et envie, ce qui se transmet forcément chez le spectateur. Si vous aimez le film, n’hésitez pas à regarder Bande de filles de Céline Sciamma, dont le scénario est très proche de celui de Divines. A-t-on enfin les héritières de La haine ?

Leave a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *